Le Ruisseau des Larmes

10/04/2023

   Dans un pays lointain, vivait un peuple de fées. Celles-ci prenaient soin du monde, et en particulier la nature. Elles étaient heureuses, et vivaient dans un monde de bonheur et de sérénité. Elles n'avaient qu'une seule règle : ne pas se faire connaître des humains, et ne pas les approcher.

 Or, au milieu de ce peuple, il y avait une petite fée – car les fées sont petites, elles tiennent dans la main d'un enfant – qui était différente des autres : elle était curieuse. Ses parents le lui reprochaient souvent. Elle aimait observer les humains, les regarder vivre, en cachette, bien sûr, sans se faire remarquer. Un jour, cependant, alors qu'elle regardait un garçon jouer, elle ne fit pas attention et le garçon la vit. Il sourit et lui dit :

« Bonjour !

Elle sursauta et se cacha derrière une touffe d'herbe.

_ N'aie pas peur, lui dit le jeune garçon, je ne vais pas te faire de mal !

La petite fée, effrayée, n'osait pas bouger. L'enfant ne bougeait pas non plus.

_ Comment t'appelles-tu ? Lui demanda-t-il.

Tout doucement, avec la pointe de sa baguette, elle écrivit son nom. La garçon dût se pencher pour lire, car la fée écrivait d'une taille … eh bien, d'une taille de fée.

_ Noémie ? C'est joli ! Et qu'est-ce que tu es ? Tu veux bien te montrer ?

Après de longs instants d'hésitation, son petit cœur battant à toute allure, elle sortit de sa cachette. Le garçon fut émerveillé :

_ Oh ! Tu es une fée ! Tu es bien jolie ! Je savais que vous existiez !

Et la fée sourit.

 À partir de ce jour, l'enfant et la fée devinrent amis. Ils se voyaient presque tous les jours, dans une prairie appelée la Plaine aux Merveilles. Ils étaient heureux, mais ne se voyaient que le soir, au moment où ils étaient sûrs d'être seuls. Malheureusement, il vint un jour où leur bonheur fut contrarié. La fille du roi des fées les aperçut, et comme elle était très jalouse de notre petite fée Noémie, elle alla tout dire à son père. Fou de colère, le roi la fit mettre en prison dès le lendemain. Noémie était très triste : elle ne pouvait pas aller voir son ami dans la Prairie aux Merveilles, ce soir-là, près des deux collines où ils adoraient aller. Le soir venu, lorsque le garçon arriva près des collines, il attendit longtemps. Mais la petite fée ne pouvait pas venir. Son amie était enfermée. Et l'enfant ne le savait pas. Il crut qu'elle ne l'aimait plus, et il quitta la prairie. Quelques jours plus tard, quand la fée sortit de prison, elle se rendit à la Prairie. Mais le garçon n'était pas là. Elle revint les jours suivants, mais il ne venait pas. Elle comprit qu'il ne viendrait plus ; alors la petite fée fut très triste. Son chagrin était si grand qu'elle versait des larmes de la moitié de sa taille, et pleura des jours durant. On dit qu'avec ses pleurs, elle a créé un ruisseau, qu'on appelle maintenant : le Ruisseau des Larmes.