Le Puit des Songes
Il était une fois, un farfadet qui se sentait malheureux. En effet, celui-ci se sentait inutile. Il se disait : « Les elfes sont sages et élégants : tout le monde les respecte. Les fées sont gardiennes de la nature : tout le monde les aime. Les lutins, eux, font des farces, sont joyeux et font sourire les gens. Même mes amis ont un talent. Moi, je n’ai rien. Je n’ai pas de don, je ne sers à rien. » Et il se sentait triste en pensant cela. Un jour que notre ami, qui s’appelait Farfale, rêvait encore, il trouva dans une bibliothèque un livre qui s’appelait le Puit des Songes. Comme il le lisait, il vit que le manuscrit parlait d’un puit qui avait le pouvoir de réaliser les souhaits. Son regard s’illumina : voilà ce qui lui fallait ! Cependant, il ne savait pas où trouver ce puit. Il réfléchit : « Les elfes le savent sûrement. J’irai demain voir le plus sage d’entre eux. » Et ce fut ainsi. Le lendemain, il partit pour la Forêt Enchanteresse. Lorsqu’il arriva, il s’arrêta devant les grands arbres d’or qui formaient la porte de leur royaume. Il était un peu impressionné : cette porte et ces arbres étaient immenses, et il se disait que quelqu’un avec des idées malveillantes rebrousserait chemin. Mais pour lui, pas question : il se décida enfin à entrer. Au bout de quelques minutes de marche, il arriva dans la maison du plus vieux des elfes, Alcibiade. Ce dernier, voyant le farfadet entrer, fut très surpris : en effet, les farfadets, tout comme les elfes, s’aventuraient rarement hors de chez eux. Il accueillit le farfadet dans sa maison. Ce dernier lui expliqua la raison de sa venue : « Je veux trouver le Puit des Songes, qui réalise les souhaits. J’ai appris que vous, les elfes, sauriez certainement où il se trouve. - Pourquoi le cherches-tu ? - Je n’ai rien de bien ; pas de talent, je suis laid. Je veux être sage comme vous, ou encore ingénieux comme les nains. Après une longue réflexion, le vieil elfe finit par lui répondre : - Tu le trouveras au cœur des Montagnes Angevines. - Merci ! Merci Alcibiade ! » Et notre petit farfadet repartit. En chemin, il croisa les fées, qui s’occupaient des fleurs et des animaux. Puis les lutins, qui jouaient dans la Rivière d’Argent ; puis il parla avec les sirènes, de nature coquette. Enfin, il arriva aux Montagnes Angevines, après 3 jours de marche. C’est là où les anges vivaient ; les êtres les plus admirés du Pays Merveilleux. Sur la route, il n’en croisa d’ailleurs presque aucun. Ceux qu’il vit le remplissaient d’émerveillement : ils étaient d’une beauté et d’une bonté majestueuse. Enfin, il trouva le Puit des Songes. Il grimpa dessus et cria à l’intérieur : « Je veux avoir un talent ! Je veux avoir un don, comme tous les autres du pays ! » Il attendit que quelque chose se passe. Une heure. Deux heures. Trois heures. Comme il ne se passait rien, il gémit : - Je ne comprends pas ! j’ai crié mon souhait dans le puit ! Il entendit alors quelqu’un s’approcher. C’était un ange. - Pourquoi pleures-tu ? - J’ai fait mon souhait dans le puit, et il ne s’est pas réalisé. Je voulais être sage comme les elfes, généreux comme les fées, et il ne s’est rien passé. - C’est normal, sourit l’ange, le puit ne réalise pas les souhaits qui existent déjà ! Tu as déjà un talent : c’est ta détermination à faire ce que tu veux faire jusqu’au bout. De plus, tu as vu chez les gens autour de toi ce qu’il y a de beau en eux. Ce sont deux choses magnifiques. » Le farfadet, en entendant cela, était heureux. Il repartit tout joyeux. Finalement, le puit avait bien réalisé son souhait : il avait son talent !