Le Bal des Elfes

 Il y a bien longtemps, au-delà de notre monde, vivaient d’étranges et merveilleuses créatures. Cet univers s’appelait le Pays Merveilleux. La frontière ouest se terminait par la Forêt Enchanteresse. C’était un immense bois qui impressionnait quiconque entrait et n’y habitait pas. En effet, dans cette forêt vivaient les elfes, des créatures immortelles respectées des autres peuples de leur monde extraordinaire. Ils comptaient parmi les plus sages, les plus généreux et les plus élégants. Ils restaient cependant entre eux la plupart du temps, car ils étaient surtout très timides.

 Une fois par an, ils organisaient une fête dont le but était de rassembler tous les elfes du pays pendant six jours. Au cours de cette période, ils assistaient à des spectacles, des banquets, s’amusaient, chantaient... mais ce qui les faisait tous rêver, c’était le dernier jour. Chaque année, à la fin de la fête, les elfes organisaient un bal où tout le monde dansait et où chacun pouvait oser proposer une valse au roi et sa famille.

 Cette année-là, le jour du bal tombait l’anniversaire d’Ellena, la fille du roi des elfes. Pour elle, ceux-ci mirent tout en œuvre pour que cette dernière journée soit des plus mémorables. Ils firent tout ce qui était en leur pouvoir : les uns, qui s’occupaient de la décoration de l’endroit, cueillirent des fleurs étincelantes, telles des diamants, où tentaient d’apprivoiser les lumières sauvages, ces espèces de petites créatures de lumière qui n’en faisaient qu’à leur tête. Les autres, qui s’occupaient de la nourriture, tentèrent de cuisiner une pièce montée gigantesque grâce à toutes sortes de fruits qu’ils avaient récoltés.

 Au milieu du tumulte, un seul ne participait pas à toute cette agitation. C’était le jeune Marcus, un jeune elfe rêveur épris de la princesse. Il voulait tout faire pour aider, mais se sentait inutile : il avait arraché une fleur brillante des buissons du jardin, fait s’enfuir une lumière sauvage, et écrasé un fruit de son garde-manger. Il décida d’aller voir Alcibiade, un des elfes les plus respectés, parce qu’il était le plus âgé et le plus sage d’entre eux.

« Alcibiade ! Je suis désespéré !

- Cher Marcus ! Que t’arrive-t-il ?

- Je suis inutile à la préparation de la fête.

- Pourquoi cela ?

- Je ne suis doué, ni pour la cuisine, ni pour la décoration, ni pour le jardinage... Que faire pour réussir à faire plaisir à la princesse Ellena ?

- Mon petit, sourit le vieil elfe, n’essaie pas de lui faire plaisir selon les actes posés par les autres. Pense à elle, cherche ta manière de rendre les gens heureux. »

Sur ces paroles énigmatiques, le jeune Marcus quitta son aîné. Puis, tout-à-coup, il eut une idée : il allait lui offrir un cadeau. Et il était déjà inspiré...

 Le soir du bal, le jeune elfe avait un peu peur. Peur de se ridiculiser, peur de parler à la princesse, peur de lui déplaire, que son cadeau soit raté. Il se décida à aller lui parler. En ouvrant son présent, elle sourit : c’était un collier fait de perles de coquillages, recueillis de la Rivière d’Argent, plus loin au milieu de la Prairie. Ellena était enchantée : elle le trouvait magnifique. Pour le remercier, elle invita Marcus à danser. Ce soir-là, ces deux-là étaient sans aucun doute les elfes les plus heureux de la Forêt !